20 décembre 2021

S4E1 (Bonne conscience!)

  Ce matin un vrombissement m’interpelle, sur mon bureau ma montre GPS s’allume, je regarde l’écran et vois « BOUGEZ ! ». C’est extraordinaire, cette petite chose entre dans ma vie et me lance des ordres. Un peu fort de café.

Cette montre m’a été offerte par mon fils, il m’en avait acheté une autre mais il fallait décliner son identité et des paramètres très personnels sur un site. Je ne voulais pas, je l’ai donc échangée.

Il est vrai que je la porte souvent car je fais du sport, donc une certaine intimité a dû s’installer. Quant à me donner des ordres là, elle dépasse les bornes, elle a franchi un cap. Qu’elle se cantonne à son job, c'est-à-dire me rendre compte de mon activité physique, sans pour autant anticiper et m’obliger à bouger. En fait c’est peut être comme un chien qui vient vous solliciter pour sortir ; la montre a peut-être besoin d’air pur.

Ces objets sont tellement intrusifs qu’on en est presqu’à les personnifier, leur parler alors qu’ils sont inertes et extrêmement dépendants ; si je veux je ne la recharge pas et alors elle reste morte sur la table.

Je suis un peu rétrograde à ce niveau de technologie et je n’aime pas dévoiler certains aspects de ma personnalité. Maintenant les gens sont coachés, scotchés même sur leurs appareils. Dés qu’ils se lèvent, le premier geste est de regarder ce petit écran, des fois que pendant la nuit il aurait travaillé pour eux. Il aurait été cherché des vidéos qui plaisent au propriétaire, il aurait reçu des messages d'amis. On arrive à lui demander de faire les courses, d’aller chercher un film ou un article.

En fait de personnifier on y est déjà, l’appareil est une extension de nous, de notre cerveau. Le problème dans tout cela est de savoir qui tire les ficelles, qui est le marionnettiste ?

Il est peut être gratifiant de voir que l’appareil reconnaisse ce que l’on souhaite mais est-ce vraiment le cas ? Le patron dans cette chaine est l’algorithme qui rythme (comme son suffixe l’indique) notre vie.  Il nous dit ce que l’on aime et plus encore, en se basant sur certaines données, jusqu’ici rien de très grave, il va façonner nos désirs et nos envies sans nous laisser le choix. Saupoudrez cela d’un peu d’embrigadement, de coercition légère mais récurrente et vous êtes le parfait prototype d’une civilisation marchande.

Bien sûr, l’appareil vous satisfait dans vos choix mais il vous y enferme aussi, il vous donne la bonne soupe. Votre voisin, regardant les mêmes actualités n’aura en fait pas la même info que vous. C’est là que c’est grave car l’esprit critique n’existe plus.  Le libéralisme n’aime pas la critique qui est l’arme de la démocratie, ce n’est pas compatible avec ce qu’il veut faire de vous. Il vous voit comme un consommateur, il lobotomise petit à petit afin que vous vous concentriez essentiellement sur vos envies inoculées.

C’est un monde sécurisant qu’on nous dessine, un monde ou on nous soutient dans nos choix cela peut paraître reposant mais à la fin nous ne penserons plus, nous remplacerons les machines. Nous serons des armées de gens allant travailler et rentrerons chez nous pour nous connecter à une nouvelle conscience créée de toute pièce.

De la science-fiction, théorie du complot diront les biens pensants , mais qui peut affirmer que dans leur tour d’ivoire certains n’y aient pas pensé. Ils ont tous les outils pour arriver à leurs fins.

Bon, ceci étant dit, je vais obéir à ma montre, elle a raison faut que je bouge car je commence à délirer.

1 commentaire:

  1. J’espère que tu as fait une bonne balade. Quant à tous ces moyens connectés c’est vrai que c’est agaçant. Dès que je visite un site pour chercher quelque chose, un meuble, un objet, un vêtement aussitôt des pubs apparaissent en lien avec mes recherches. Enfin parfois ça aide.....

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